Entre Jodhpur et Udaipur, je me suis dis que j’allais prendre le temps de faire une pause dans des sites plus bucoliques, un chouia moins sur les sentiers battus… Effectivement, rRejoindre le temple Jaïn de Ranakpur depuis Jodhpur n’est pas vraiment une mince affaire. Après avoir bien galéré, je trouve sur le site de la compagnie de bus étatique qu’il n’y aurait que 3 bus par jour, 5h30, 7h et 22h30. Je mets donc courageusement mon réveil à 6h pour apprendre une fois à la gare routière que le bus à une heure de retard ?
Après 5h (il y a 160 km à parcourir) d’une route d’abord parfaite puis horriblement cahoteuse, j’arrive enfin au fameux temple. Tout ça pour tomber sur un car de touristes français… Le guide leur dit « vous êtes libres pendant 15 minutes et on se retrouve ici » « Mais comment on fait pour savoir que 15 minutes se sont écoulées si on a pas de montre ? » Ça vous laisse entrevoir le niveau d’autonomie des loustiques.
Histoire de les éviter, je vais dans la cantine du temple. Pour une bouchée de pain, on y sert sur de longues tables où l’on est assis côte à côte une nourriture végane. Très bon curry de dates !
Enfin, je ne suis pas venu pour rien, le temple principal est très beaux, tout de marbre blanc avec des colonnades. Avant de rentrer, j’ai du mettre dans un casier toutes mes affaires en cuir et mon appareil photo. Donc pas d’images du joli patio intérieur autour d’un arbre centenaire… Quant aux petits temples alentours, ils sont moins surveillés et j’ai donc pu prendre en photos quelques sculptures grivoises.
Après Ranakpur, j’avais décidé de mettre le cap sur le fort de Kumbalgarh, situé à une dizaine de kilomètres à vol d’oiseau mais une cinquantaine par la route. Pour cela, j’attrape un bus de Ranakpur à Sayra, la bourgade locale, et de là je monte dans un bus pour Kelwara, le village le plus proche du fort.
Je ne sais pas si j’ai fais mauvaise pioche ou tiré le gros lot, mais je suis tombé sur l’omni-omni-omnibus local. Côté gros lot, on quitte la « grande » route pour s’enfoncer en pleine campagne, et sillonner les collines de huttes de paille en hameau. Sur les bords de la route, des bœufs labourent la terre et leur bouse consciencieusement récoltée sèche sur les murets. Dans un champ, un homme aplanit le sol : pour cela, il est debout sur une planche de bois épaisse tirée par deux bœufs. On dirait qu’il fait du surf terrestre. Difficile de capturer ces scènes fugaces, ou les beaux oiseaux bleu électrique qui nous survolent depuis le bus…
Côté mauvaise pioche, il ne faudra pas moins d’1h30 pour parcourir les 25km séparant Sayra de Kelwara, que j’atteins à la nuit tombante. Résultat, je dors dans un hôtel dont les longs couloirs, d’autant plus lugubres que je suis le seul client, font gentiment penser à un film d’horreur. Le matin je prend un petit bus dont le mi-prêtre/mi-controlleur m’offre de la nourriture en chantant pendant qu’il me vend le ticket. Le bus me dépose à 1km du fort et je marche dans un calme absolu.
Soudain, au détour d’un tournant, je tombe nez à nez avec un nouveau car de touristes français. Ils sont partout ! Cette fois le guide teste leur autonomie de manière totalement retorse : pour rejoindre un beau point de vu sur le fort, il y faut passer un mur ouvert par deux portiques côte à côte. Le guide passe par le portique de droite (il n’a pas de propriétés quantiques…), Et les touristes font la queue pour utiliser la même ouverture sans imaginer avoir l’audace de passer par l’autre. Tant mieux, ça me permet de les doubler et de partir à l’assaut du fort !
Compte tenu de la taille des lieux, je ne croiserait quasiment plus personne tout au long de ma visite. Il faut dire que Kumbalgarh est une citadelle perchée au milieux de la verdure. Si l’imposant bastion brille plus par ses capacités militaires que par son raffinement, on y trouve tout de même de jolies « bandes dessinées » sur des éléphants qui cassent tout sur leur passage (un grand classique des forts du Rajasthan).
Mais ce qui fait le charme des lieux, c’est l’immensité du parc. D’après les autorités locales le mur extérieur du fort serait le plus long du monde après la muraille de Chine. En tout cas, explorer les temples perdus dans la verdure est un vrai plaisir !
Pour conclure, Ranakpur et Kumbalgarh sont des excursions agréables dans la campagne indienne. Cependant elles nécessitent de longs transports et ne sont pas « hors des sentiers battus ». Certainement moins visitées que les grandes villes, elles accueillent tout de même du tourisme de masse.
Informations pratiques :
Combien de temps passer à Ranakpur et Kumbalgarh ?
Ranakpur se visite rapidement (1h ou 2h). Kumbalgarh nécessite à mon sens au moins 3h. Le temps principal sera donc occupé par les transports. En transports en commun il est quasi impossible de faire les deux en une journée.
Hôtel :
Je suis resté au Ratan Deep de Kelwara. C’était pas terrible mais plus propre que d’autres (note il existe aussi des hôtels chiques et très chers dans le coin).
Transports :
De Jaipur prendre un bus RSRTC allant à Ranakpur (consulter le site de la compagnie). Pour moi il est parti à 8h et arrivé vers 13h. De Ranakpur prendre un bus pour Sayra (moins d’une heure, assez fréquent). De Sayra prendre un bus pour Kelwara (un par heure, 1h30). A Kelwara il y a un bus pour le fort qui vous lache à un carrefour. Sinon un rickshaw prendra 50 roupies. Pour repartir il y a des bus pour Udaipur (pas au même endroit que ceux pour le fort) toutes les heures (durée 3h).
Tu as cet art de partir à l’aventure et découvrir la région avec les autochtones, mais aussi réveiller des « souvenirs dormants « (énergies renouvelables affaire de femmes indiennes) et les visites de temples aux kama soutra….belle continuation et au plaisir de partager avec toi tes découvertes (tu es drôlement courageux !)
Je me demande si ces forts et terres étaient contrôlés par un seul et même prince/rajah (?)ou si ce « pays » était très divisé .
Le temps semble immobile et rend les paysages très émouvants , surprenants .
Décidément les sculptures donnent le sentiment de
personnages très « libres » !
Je suis surpris que tu rencontres tant de touristes ( français ) dans ces lointaines contrées …
Bises
Houla j’ai l’impression qu’il y a eu un nombre guerres incalculable, avec des forts pris, perdus, repris, reperdus etc… Dans tout ça il avait certainement des royaumes qui duraient plus longtemps que d’autres, et sur des territoires plus ou moins étendus.