Je suis maintenant arrivé à la mi-semestre, je pense donc pourvoir donner quelques réflexions préliminaires sur la méthode d’enseignement.
Parcours des élèves
La plupart des élèves de mon département (physique) ont suivi les cours dans leur langue locale (Hindi, Telugu, Kanada, Tamoul, etc…) jusqu’au lycée non inclut, cependant l’apprentissage de l’anglais démarre très tôt (vers l’âge de 8 ans, quoi que j’ai eu plusieurs fois à faire à des tout-petits me parlant quelques mots d’anglais).
Le lycée (ou High School) recoupe plus ou moins le programme que nous avons chez nous, mais les cours y sont souvent dispensés en anglais. A la sorti du lycée, les élèves s’orientent vers un Bachelor (une licence) de 3 ans. Le programme y est à peu près équivalent à celui des classes préparatoires (en allant un petit peu plus loin, après tout c’est 3 ans). Le BSc est assez généraliste (environ 1/3 de Physique, 1/3 de maths, 1/3 de chimie).
A la fin du BSc, les élèves sont « graduate » et peuvent postuler pour rentrer dans telle ou telle université. Le Indian Institute of Science (IISc) étant l’institut le plus réputé de toute l’Inde, vous imaginez le processus de sélection…
Une fois arrivés, au département de physique, les élèves font un « integrated PhD », c’est à dire une espèce de combo master+thèse. En clair, pendant la première année, ils vont suivre des cours, pendant la deuxième ils vont continuer à suivre beaucoup de cours, mais aussi rejoindre un laboratoire. Pendant la troisième année, ils n’auront plus qu’un ou deux cours par semestre (mais des cours plus corsés), et seront pleinement des PhD students. Enfin, leur PhD durera entre 4 et 6 ans. Cette année, dans mon département, il y a 10 Integrated PhD (petite promo !)
Pour ma part, je suis un cours avec des integrated PhD students de première année, et les trois autres cours avec des PhD students.
Méthode d’enseignement
Globalement, la façon d’enseigner est plus proche de celle du système anglo-saxon que de la notre. Là ou pour chaque cours, nous avons en France 2h par semain de cours magistral et 2h de Travaux Dirigés (TD), ici nous avons simplement 3h de cours magistral.
Il n’existe pas vraiment de TD (exercices corrigés en groupe). A la place, nous avons des Assignments (devoirs maisons) à rédiger et à rendre toutes les semaines. Ces devoirs sont notés et ont un poids non négligeable dans la note finale. Le côté positif, par rapport aux TD, c’est que l’on est bien obligé de les faire. Le côté négatif c’est que trop souvent (surtout chez les Integrated PhD, qui sont peu matures) les devoirs sont fait à six ou sept, en copiant à tout va. Où est l’intérêt ?
Deuxième côté négatif, les assignments sont rarement corrigés. Certes ils sont notés, mais la plupart du temps, le TA (Teacher Assistant, c’est un élève en fin de thèse, chargé de corriger et noter les assignments) ne prend pas le temps de faire des corrections. Et parfois, il n’est lui-même pas capable de résoudre les problèmes donnés 🙁 Autant dire que dans ces conditions, il est difficile de progresser…
Autre différence majeure avec ce à quoi je suis habitué : ici les professeurs se basent beaucoup sur des livres de référence. Le cours n’est pas conçu comme étant auto-suffisant, il faut systématiquement aller se documenter sur le sujet dans un ouvrage de référence.
Le côté positif, c’est que ça nous pousse à réfléchir, à travailler par nous-même, à aller plus loin. Le côté moins positif, c’est qu’un telle méthode demande énormément de travail, et que peu d’élèves sont prêt à le fournir, si bien que beaucoup restent avec un eversion incomplète de l’enseignement.
Cours suivis
Electromagnetic theory : Dans la droite lignée de la classe prépa : bourrin, plein de calculs, pas passionnant, mais nécessaire.
Le prof est jeune, dynamique, motivé, ce qui rend le cours plutôt agréable.
Les assignments sont longs et très calculatoires, mais ils sont corrigés !
Cette matière est la seule que j’ai en commun avec les Integrated PhD.
Physics et the nanoscale : ça c’est vraiment génial : graphene, nanotubes, , etc.. Proche de la recherche actuelle !
Le prof est excellent, son cours et ses assignments aussi.
Les élèves sont des thésards (PhD) assez calés sur le sujet.
Seul regret : jusqu’à présent le TA ne corrige pas les assignments (et ne les note pas)
Soft condensed matter : Intéressant en soi, mais l’un des deux profs est magistralement mauvais… Les assignments sont à l’image du cours : une bouillie dont on a du mal à tirer quelque chose. Le TA est gentil, mais inefficace.
Cependant, en travaillant à côté, dans des bouquins, on s’en sort.
Nuclear Magnetism : Au début j’étais le seul homme dans ce cours, mais il y a maintenant un vilain usurpateur :p.
Le cours est totalement atypique : ici ce sont les éleves qui font la leçon (en la préparant à partir d’un ouvrage de référence).
Le publique est assez varié puisque certaines sont des thésardes tandis que d’autres sont professeur en Bachelor !
Le système de notation
Sortez l’aspirine avant de lire ça !
Dans une matière, on obtient une note sur 100 à la fin du semestre. Elle correspond à la moyenne de l’examen final, de l’examen de mi-semestre et des devoirs maisons.
On fait alors la moyenne des notes obtenues par les élèves. D’une manière empirique (bien que corrélée à cette moyenne), il est par exemple décidé que 70/100 vaut B.
Les notes sont alors converties comme suit :
>80 = S
70-80 = A
60-70=B
50-60=C
40-50=D
<40 = F, cours non validé
Ensuite, ces notes sont elles-même converties en points :
Grade Point Value Of Grade
S 8
A 7
B 6
C 5
D 4 (Pass Grade)
F 0
Enfin, une moyenne est faite sur l’ensemble des notes obtenues. Un
élève voulant continuer son cursus au IISc soit obtenir 5.5.
Mais ce n’est pas tout. Eh oui, la plupart des élèves sont en PhD, ils ont donc un directeur de thèse. Et si un professeur d’avise de mettre une trop mauvaise note à un élève, il peut avoir affaire à sont directeur de thèse. Et c’est parti pour quelques tractations !
Passionnant et formateur que cette double culture d’enseignement, surtout à long terme ! J’étais contente de te lire sur la physique…..
Ah je l’attendais cet article ! Je vais peut-être enfin me souvenir du nom de tes cours !
hé hé ! Toujours pas anglophile ? Moi non plus :p
héhé ! Toujours pas anglophile ? Moi non plus :p
Hhaha non ! Anglais + le vocabulaire scientifique = mic mac dans mon cerveau !
Wa trop bien l’article que j’attendais aussi (à croire que tes voyages du we sont moins intéressants ? bien sûr que non j’avais juste envie de connaître ton quotidien).
Dur dur le système à l’anglaise pour nous autres petits français qui n’y sommes pas habitués :s. Je ne sais pas si j’aurais réussi à m’adapter, en tout cas félicitations, tu as l’air de t’y être fait.
Moi ausi j’aimerai bien avoir des news de Lyo, faut qu’on se skype. Demain ?
Yep demain si tu veux. Je vais pas en électrochimie l’aprem donc ça devrait le faire !
C’est rigolo de relire ça … C’est vraiment « un autre monde » comme on dit.
Encore un article fort instructif, et qui donne à réfléchir quant aux différentes méthodes d’enseignement qui sont pratiquées.
Tout à coup la question de savoir si un cours doit être auto suffisant m’a l’air centrale dans son approche: si cette conception satisfait l’esprit français et cartésien, le fait de renvoyer toujours à une représentation plus vaste et plus complexe n’est-elle pas bonne pour la plupart, qui sinon oublieraient souvent que la réalité ressemble plus à cette deuxième approche?
Pour ce qui est de l’auteur de ce blog, on peut lui reconnaître une grande maturité, dont je ne suis pas certain qu’elle provienne pour beaucoup de sa formation (mais peut-être je me trompe ?)…
C’est un grand plaisir que parcourir ton blog et de sentir le plaisir que tu prends à ce séjour.
Nous sommes le 19 avril, et je penserai à toi tout à l’heure, si loin mais si actif, en me rendant au parc des expositions.
Je t’embrassse
J’ai écouté le discours ce matin. Même si on gagne pas, on y aura gagné de magnifiques discours et de magnifiques idées. il n’y a plus qu’à continuer le combat !
Je t’embrasse