Le Râmâyana est, avec le Mahâbhârata, l’autre grande épopée indienne. Le noble Râma, incarnation de Vishnu et époux de Sïtâ, est l’héritier de la dynastie solaire. Une intrigue de palais poussera ce couple idéal à l’exil, puis à la séparation… Râma, aidé d’une armée de singes et d’ours, arrachera-t-il sa bien-aimée aux griffes des démons ? Si l’honneur, la justice et le destin sont centraux, ils cèdent souvent le pas à l’amour conjugal ou fraternel, à l’amitié, au ravissement de la nature. Aux moments de tragédie pure succèdent les envolées lyriques, voire les épisodes burlesques. Serge Demetrian, qui maîtrise parfaitement les différentes versions du texte original, a vécu plus de vingt-six ans en Inde. S’inspirant des conteurs traditionnels de l’Inde du Sud, il nous offre une version du Râmâyana au suspense haletant, qui nous transporte au cœur de l’âme indienne.
Comme pour le Mahâbhârata, Serge Demetrian nous livre là un excellent roman, très agréable à lire. On peut pense que le Râmâyan est plus carricatural que son roman-frère car les personnage y sont immédiatement identifiés comme bon ou mauvais. Cependant on trouve tout au long du récit une réflexion philosophique intéressante ainsi qu’un « leçon de vie » portant sur l’amour, l’amour filial, l’amour fraternel !

Râma : La vie est trop courte, jamais je n’accepterai de régner par la violence

Râma : Je demeure soumis à mes parents […], cette attitude est la voie du juste, de celui qui aime la Vertu.

Listes d’action également scandaleuses par Râma: « Que je subisse la peine des maîtres qui ont volé le salaire de leur fidèles serviteurs, la peine de ceux qui ne règlent pas la dîme au brahman pour entretenir le feu, la peine du guerrier qui a trahi l’honneur sur le champ de bataille ‘écrasent les malédictions dont sont frappés ceux qui maltraitent une vache allaitant son veau, ceux qui se moquent des  personnes âgées, ceux qui gardent rancune contre leurs amis, ceux qui divulguent la faute confessée à eux seuls, ceux qui tuent un monarque, une femme, un nouveau-né, un vieillard, ceux qui rejettent les pauvres qui les implorent »

Râma : Soyons conscients de la brièveté de notre passage en ce monde, de cette vie qui décroît dès l’instant où elle naît et qui ne remonte pas plus à sa source qu’un torrent qui dévale son lit. Seuls les hommes qui pousuivent la félicité suprême sont bénis : ils n’auront pas perdu leur vie.

Râma : Le roi qui ne punit pas le coupable ne porter-t-il pas la peine du péché ?
Le pécheur doit être puni ou pardonné.

Les sages ont fixé des purifications
pour ceux qui ont tué une vache docile
pour un ivrogne, pour un voleur,
pour un parjure, pour un menteur ;
Mais ils n’ont pas décidé de rachat
pour l’homme ingrat.

De la persévérance naît la prospérité
La persévérance conduit au grand bonheur
La persévérance mène au but le vainqueur !

Homme ! au nom de l’humanité
Ton pire ennemi doit être protégé,
S’il vient, mains jointes, vers ta maison,
Implorant ta protection.

Celui qui, par peur ou par ressentiment,
Refuse l’hospitalité
A l’adversaire qui se rend,
Portera le poids du péché.

Celui qui laisse à sa porte périr
L’ennemi qu’il peut secourir,
Perd à l’instant tous ses mérites,
Même acquis durant cent années

L’homme supérieur ne rendra jamais
le mal pour le mal
L’homme de bien se reconnaît
à ses actes charitables.
Ne faisons de tort à personne,
qu’il soit innocent ou coupable