Les îles sont la lisière du tissu de l’Inde, la frange déchiquetée de son sari. Quand les marées créent de nouvelles terres, des mangroves surgissent du jour au lendemain. Une mangrove est un univers en soi, complètement différent de la jungle et autres forêts. On n’y trouve ni arbres immenses cernés de lianes, ni fougères, ni fleurs sauvages, ni singes, ni perroquets caqueteurs. Les feuilles des palétuviers sont dures et coriaces, les branches noueuses, et le tout d’une densité impénétrable. La visibilité est limitée, l’air stagnant et fétide. A aucun moment les êtres humains ne peuvent avoir le moindre doute sur la totale hostilité du terrain à leur égard, sa ruse et ses ressources, sa détermination à les détruire ou à les expulser. Chaque année, des douzaines de personnes périssent dans l’étreinte de ce feuillage dense, tuées par des tigres, des serpents, des crocodiles.’ Un homme d’affaires sophistiqué de Calcutta, une cétologue américaine d’origine indienne et un pêcheur illettré se croisent dans l’archipel des Sundarbans, le pays des marées.

Rester, c’est être nulle part

Qui sont ces gens qui aiment tant les animaux qu’ils sont prêt à nous tuer pour les sauver ?

Rien n’est plus difficile à partager que la peur d’un autre